Situé au n°63 de la chaussée d’Ixelles, l’immeuble réalisé par le célèbre architecte Ernest Delune a été presque entièrement détruit pour faire place à un grand magasin Primark. Un vrai scandale.
De style art nouveau tardif (1923), l’ensemble était composé de deux parties.
A l’avant, un immeuble à appartements avec rez de chaussée commercial dont la façade en pierre blanche est, selon les Monuments et Sites, “percés de larges baies” (NDLR très élégantes) “à arc en anse de panier”. Les châssis trapézoïdaux du 3ème étage étaient très originaux.
A l’arrière, se trouvait un immense espace commercial, sur trois niveaux, d’une rare beauté. Nous avions eu l’occasion de le visiter : les poutres en aciers, les ferronneries travaillées, les coursives élégantes, les rampes d’escalier, l’immense verrière n’avaient rien à envier à certaines œuvre de Victor Horta. On a d’ailleurs longtemps attribué, par erreur, le bâtiment à Horta. Mais, Delune, c’est déjà pas si mal 🙂
Propriété de GIB-Immo (GB-Inno-BM), puis de Redevco (C&A), l’immeuble a toujours connu une belle vitalité commerciale. A l’origine show room automobile, l’espace commercial sera transformé en Prixunic en 1933. Dans les années 80, c’est le magasin Disport qui occupe les lieux, remplacé jusqu’il y a peu par un Sports World.
Les étages, par contre, étaient vides depuis plusieurs décennies. Cependant, le propriétaire était conscient de la valeur patrimoniale du bien et l’a parfaitement conservé, protégeant notamment la verrière. Depuis 2000, divers urbanistes et architectes ont fantasmé sur des projets de réoccupation des espaces vides : pépinière d’entreprises, grand magasin, espace sportif en lien avec le magasin de sport…La difficulté était l’accès au site, très enclavé dans l’îlot. Mais rien n’était impossible si on imaginait un accès via un parking situé rue du Berger.
Aujourd’hui, ce bel ensemble, chef d’œuvre de l’architecture commerciale, il ne reste plus que la façade avant. Tout le reste a été détruit : les châssis, les cheminées en marbre, la verrière, les ferronneries…
Que sont-elles devenues ces ferronneries magnifiques ? Vendues au poids à la mitraille ou revendues à la pièce à des antiquaires par un entrepreneur éclairé ?
sources photos : Google (photo aérienne), Irismonument (détail), Yves Rouyet (chantier)
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