Mais pourquoi la gare d’Etterbeek s’appelle-t-elle donc « Etterbeek » alors qu’elle est entièrement située sur Ixelles ? Tentative d’explication à l’aide de cartes historiques.
1854 : mise en service d’un premier tronçon de la ligne de chemin de fer Bruxelles-Namur (jusque La Hulpe). A cette époque, il n’est pas question d’une gare d’Etterbeek mais d’une simple petite halte de desserte locale. Le boulevard Général Jacques n’existe pas, ni l’avenue de la Couronne. C’est la rase campagne. Seul noyau villageois à proximité : La Chasse à Etterbeek. Côté Ixelles : rien jusqu’à l’Abbaye de la Cambre.
A cette époque, la frontière communale suit un tracé bien différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. L’emplacement de la future gare est situé quasiment SUR la frontière. Le bâtiment de BeO Bank (aujourd’hui sur Ixelles) était, alors, situé sur le territoire d’Etterbeek. Ixelles s’étendait jusqu’à la chaussée de Wavre, ce qui n’est plus le cas. Par contre, une partie de la future VUB était sur Etterbeek, alors qu’elle est à 100 % sur Ixelles aujourd’hui…
1880 : création d’une première petite gare. Elle existe toujours le long du quai n°4.
Sur la carte de l’Institut National Géographique de 1890, on voit que les quais sont sur Ixelles mais que l’entrée du bâtiment des guichets était orientée du côté d’Etterbeek.
C’est logique, si on pense que, de ce temps là, le quartier du nouveau Cimetière d’Ixelles (1877) était très peu développé. Par contre, côté Etterbeek, le nouveau quartier militaire s’érigeait rapidement. Des rails permettaient d’ailleurs de relier la ligne de chemin de fer principale à l’avenue de la Cavalerie pour acheminer troupes et ravitaillement directement vers les entrepôts des casernes d’Etterbeek.
C’est à cette époque que la frontière communale est remaniée. Pour plus de simplicité, elle suivra désormais le tracé des grandes infrastructures : la ligne de chemin de fer (Ixelles perd par rapport à Etterbeek), le boulevard Général Jacques (Ixelles gagne par rapport à Etterbeek) et la Plaine des Manœuvres (perte d’Ixelles du côté de la chée de Wavre mais gain au sud).
1902 – 1906 : une nouvelle gare est construite. De style néo-Renaissance, elle s’implantera le long du nouveau boulevard, 8 mètres au dessus de l’ancienne et, à nouveau, à quelques mètres de la frontière communale. Endommagée pendant la guerre, elle sera totalement démolie dans les années 1950.
1956 : inauguration de la nouvelle gare moderniste.
2018 : le Conseil communal d’Ixelles, à l’initiative du Conseiller communal Geoffrey Roucourt, examine une motion visant à rebaptiser la gare d’Etterbeek en gare « Ixelles – Universités ».
Pour une station qui s’est toujours adressée à Etterbeek, ce serait un retournement historique, au sens propre comme au sens figuré.
Pour Ixelles, c’est une manière de marquer son territoire.
Pour les universités, c’est l’occasion de faire savoir largement que le quartier, de militaire, est devenu universitaire. Ce caractère de « quartier latin » devrait d’ailleurs encore être renforcé avec le projet de reconversion des casernes en cité universitaire internationale.
Et qu’en pensent la SNCB et Etterbeek ?
sources : Brugis (orthophotoplans et cartes historiques), Monuments et Sites (photo de la première gare), Delcampe (cartes postales), Institut national géographique, Vandermaelen. repères sur les cartes historiques : Yves Rouyet